Reflexions pour25 mai 2020

La question sur l'absurdité de la vie vécue a tourmenté plusieurs, et a tourmenté dans les âges différents. Comme on voit, Jérémie n'est pas une exception : la question sur le sens de la vie personnelle s'est posée à lui aussi. Il semblerait que l’homme que Dieu a appelé au service, en outre a appelé avec une certitude absolue, ce qui distingue toute vraie vocation prophétique, ne devrait ni douter, ni regretter : car son service ne peut pas s’avérer inutile par définition. Et pourtant, comme on voit, les choses ne sont pas si simples. En effet, hormis Dieu, il y avait encore des gens, à qui s'adressait le prophète. Le service du prophète est avant tout, le service du témoin, et le succès de son service, Jérémie, comme on le voit, évaluait notamment de ce point de vue.

Et ici les choses allaient mal : personne ne voulait écouter le prophète, ses sermons n’étaient pas du tout d'une telle popularité, comme par exemple, les sermons de son grand prédécesseur Isaïe de Jérusalem. Il dérangeait plutôt tout le monde : les autorités, la politique religieuse que Jérémie n'acceptait pas, la foule, la religion imaginaire dont il ne se lassait pas de dénoncer, les riches citoyens, qui voulaient la paix et la confiance, tandis que le sermon du prophète troublait constamment la paix et sapait la confiance.

Ni l'autorité, ni la popularité, seulement la haine et l'hostilité! Mais le plus pénible pour Jérémie était le fait qu’il percevait apparemment l’état des choses comme un échec de la mission qui lui est confiée par Dieu. Et qu’est-ce qui pouvait servir de consolation au prophète, dont le témoignage était rejeté? Peut-être seulement une chose : le service prophétique, comme tout autre service à Dieu, est cher en soi. Il ne s’agit pas seulement de qui et de quoi a été entendu, mais aussi qui et quoi a été dit. Et Jérémie a évidemment réussi avec cette tâche. Malgré tous les efforts des gens autour de lui.